Moi avec mon amour ...

Publié le par Lilith



J’étais un corps ma chair mon ventre dépositaire. J’étais la gardienne du désordre de vos graines jetées à grands coups de reins. Je suis toujours là. Je veille nuit et jour avec mon amour mon cabas mes commissions et mon obstination au bonheur persuadée de mon rôle et de son importance aveuglée dans ma résilience jusqu’au bout  jusqu’au bout avec mon amour pour ces vies qui un jour  ont traversé la mienne afin de  perpétrer ce sentiment d’éternité, rivaliser avec le ciel, ces vies  que vous m’avez abdiquées sans partage m’ont soumise au désir d’être sage d’étouffer ma folie la mettre en berne revêtir d’un sourire  ma haine  un soupçon d’anti-cerne et le tour est joué.

Tout va changer
 

Te dire fillette toute l’horreur du monde ! Te dire la folie qui règne en maîtresse absolue !
Je ne sais pas trop quand les choses ont mal tourné. Je ne pourrai pas te l’expliquer
Je serais incapable de t’expliquer quoique ce soit d’ailleurs.
Tout a été si vite.
J’ai du perdre un truc en route … derrière moi y a le vide, amnésie volontaire sans doute, parce que franchement, pas de quoi être fière.

Et puis j’ai bien aimé quand HH a écrit :

« On est pas bien là, tous ensemble assis au bord du vide ? A s’imposer des perspectives  »

Encore le vide. Derrière, devant, et toi au milieu accrochée aux parois de tes illusions de « perspectives », même le vent se fout de ta gueule, en jonglant avec ta mémoire, toutes ces bonnes intentions ! du vent, ces amours-pour-la-vie ! du vent, le désir brûlant  et capricieux, les explications vaseuses, mensonges inconscients qui te laissent des relents nauséeux , le temps qui t’assassine chaque seconde, la solitude qui se profile comme une évidence quand tout à coup tu comprend que tout ça ne tourne pas rond .

Si tu t’imagines, fillette fillette …. Non je peux pas, je dois pas te dire ça, même si j’en crève de te laisser te jeter dans ce foutu merdier, j’ai pas le droit de brouiller ton regard, sur les hommes qui déjà reluquent tes jambes avec je l’imagine de secrets fantasmes salasses, ni sur le one man show de l’amour et ses chutes vertigineuses, d’où tu reviendras meurtrie mais encore et encore convaincue du bien fondé de ton entêtement.

 Mon amour ! Mon espace  je l’ai tout fabriqué de mes mains, toute seule, à l’image de ton regard, qui regarde ailleurs, et j’ai peur, je dois me taire.

Je suis complice d’un meurtre.

Tout va changer …

Pour toi, pour moi qui vais désormais errer seule dans un  bordel de rien. Chacune de mes révoltes chacun de mes pétages de plomb se retournent aujourd’hui contre moi. Parce que j’ai pas voulu m’endormir dans cette fosse-vie-d’aisance-stéréotypée ,   j’ai préférer la vie à coup de boulets rouges la vie baroud, sans penser à demain, surtout pas penser à demain.

Aujourd’hui c’est demain.

Tout a été si vite.

Je vais être bien, là, assise au bord du vide, avec mes héros sans visage, à survivre en attendant la chute. à regarder mon amour éparpillé comme une nuée d’étourneaux affolés,   fuite éperdue d’un inconscient  collectif , et qui tourne en rond ,  qui vient me frôler, et repart au hasard d’un cri venu de nulle part , irrésistible rappel conditionné par les implants séculaires du carnage programmé.
 

Et vous, vers quoi croyez vous aller,

Vous et votre orgueil, obsédés de la descendance ?

Vous crèverez aussi, mais dans l’ignorance de cet amour qui m’a comblée pendant que vous osiez prétendre, vivre un ersatz de liberté.

Je  ne devrais pas te dire ça ! je devrais pas .

Faut pas aimer pour que ça gaze.

Ensemble, là, au bord du vide …

 

Lilith

Janvier 2008

 



 

Publié dans Poèmes

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